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DU JAPON.

japonnaises à les laisser dans leur pays, aussi bien que leurs enfants, leurs esclaves et presque tout leur bien. On permit seulement le séjour des Hollandais, parce que, bien loin d’amener des missionnaires, ils dénonçaient ceux dont ils avaient connaissance.

Quand on eut ainsi mis ordre au dehors, on ne garda plus de mesure au dedans, et la persécution devint si générale et si sanglante, qu’il semblait que tout l’empire fût armé pour exterminer le christianisme. Les tombeaux même ne furent pas épargnés : les cimetières chrétiens furent ruinés et les cadavres exhumés et dispersés. Ce traitement fait aux morts fit juger de ce qu’on préparait aux vivants.

Le père Sotelo, qui n’était enfin revenu au Japon que pour être immédiatement arrêté, gémissait depuis longtemps en prison avec quatre autres religieux ; ils furent brûlés vifs à Omura. Les royaumes de Gotto, de Bungo, de Firando, d’Aqui, de Fingo, d’Yo, semblaient des pays nouvellement conquis où le sang coulait de toutes parts. L’embrasement pénétra jusque dans le canton de Tsugaru, où l’on avait exilé tant de nobles. On entreprit de faire des apostats de ces généreux confesseurs, mais leur vertu était trop éprouvée pour pouvoir succomber. Beaucoup