les bords. Le roi d’Arima y fit conduire les chrétiens prisonniers ; on les y plongeait en partie, puis on les retirait, et on recommençait jusqu’à ce qu’ils se fussent rendus ou qu’on eût perdu l’espoir de les vaincre. On varia ce supplice de toutes les manières : la plus ordinaire était d’étendre le patient tout nu sur le bord de l’abîme, puis de l’arroser de la matière qu’on en tirait ; et comme il n’en fallait qu’une goutte pour former une ulcère, les martyrs étaient bientôt dans un état à faire horreur. Souvent leur supplice durait quinze jours, et lorsque leur corps n’était plus qu’une plaie, on les abandonnait comme des cadavres jetés à la voirie, sans aucun secours, et souffrant des douleurs inexprimables.
(1627) La foi continuait pourtant à s’étendre dans les provinces du nord, et elle y regagnait ce qu’elle perdait dans le Ximo. La récolte y aurait été plus abondante, si on avait pu y faire passer des missionnaires ; mais il ne fut pas possible à un seul d’y pénétrer, et le nombre de ceux qui y étaient restés diminuait tous les jours. Partout où il y avait des chrétiens on faisait des martyrs, et le P. Jean Rodriguez, ci-devant interprète de l’empereur Tayco-Sama, et qui était alors à Macao, chargé d’envoyer à Rome les mémoires qu’on recevait du Japon, pouvait à peine suffire à les transcrire, malgré les difficultés qu’on éprouvait à y faire passer les lettres.