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HISTOIRE

dre, parce qu’elle se réfugia dans le port de Nangazaqui. Les Chinois portèrent leur plainte aux gouverneurs de cette ville d’une hostilité commise à leur vue, et ceux-ci condamnèrent les Hollandais à un dédommagement considérable qui fut pris sur leur trésor. Douze ans après, le Kinlembourg, navire hollandais, échoua par malheur sur les côtes de Formose ; l’équipage fut massacré et la cargaison pillée par les Chinois sujets de Coxenga : la Compagnie hollandaise s’adressa au même tribunal pour en avoir justice, mais ce fut inutilement.

On n’a rien appris des chrétiens du Japon depuis l’année 1692. Alors, si nous en croyons Kœmpfer, écrivain hollandais qui se trouvait à Nangazaqui, il y en avait environ cinquante de tout âge et de tout sexe dans les prisons de cette ville, et ils y avaient été amenés du royaume de Bungo. C’étaient des gens de la plus basse classe du peuple ; et ils étaient fort ignorants. On se contentait de les tenir enfermés, sans aucune espérance de recouvrer la liberté autrement que par l’apostasie. Tous les deux mois on les faisait venir chez les gouverneurs qui ne négligeaient rien pour les obliger à déclarer les autres chrétiens ; mais ces instances étaient toujours inutiles. Du reste, on ne les maltraitait point ; on leur permettait même de