naire dont il avait beaucoup entendu parler, et lui prépara la plus magnifique réception. Les Portugais, voulant, par une entrée pompeuse, frapper la populace qui, là plus qu’ailleurs, se prend par les yeux, trouvèrent un obstacle dans l’humilité du saint apôtre, qui se refusait à recevoir aucun honneur ; cependant ils lui formèrent un cortège brillant et imposant. Le roi l’accueillit avec toutes les cérémonies usitées dans les plus grandes occasions, et se prosterna lui-même à ses pieds. Il le fit ensuite asseoir à son côté, le fit dîner avec lui, et ne se sépara de lui qu’après l’avoir entouré de tous les témoignages de son estime et de son respect. Un bonze, qui se trouvait parmi les courtisans, avait voulu troubler l’audience par une protestation furieuse en faveur de son culte ; mais le roi, après l’avoir entendu avec une grande modération, le fit chasser du palais. Dès le lendemain, le P. Xavier prêcha en public ; toute la ville accourut pour l’entendre, et il ne se passait point de jour qu’on ne vît quelque conversion d’éclat. Mais il n’y en eut point qui fit plus d’honneur à la religion que celle d’un bonze d’un grand mérite, nommé Sacai-Leran. Ce prêtre idolâtre avait soutenu la cause de ses dieux contre Xavier ; mais, frappé de la lumière et pénétré de la grâce divine, il tombe aux genoux du mis-
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HISTOIRE