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DU JAPON.

sionnaire, en reconnaissant la divinité de Jésus-Christ, et en demandant pardon à ses frères de ne leur avoir jusque-là débité que des mensonges. Le saint faisait aussi de puissants efforts pour convertir le roi. Ce jeune prince qui, à vingt-deux ans, était regardé comme un des plus braves et des plus sages monarques du Japon, témoignait toujours une grande bienveillance au P. Xavier, et se rendait souvent à ses avis. Ainsi ce fut sur les observations du saint apôtre qu’il mit un terme à une coutume barbare, d’après laquelle les femmes japonnaises, qui n’ont pas assez de bien pour nourrir de nombreuses familles, se croient en droit d’étouffer leurs enfants ou de les exposer dès qu’ils sont nés.

Les bonzes, de leur côté, faisaient les derniers efforts pour arrêter les progrès du christianisme. Ils voulurent même susciter une révolte, mais le roi donna des ordres si sages et si sévères, que personne n’osa remuer. Ce stratagème réussit mieux aux bonzes d’Amanguchi que le P. de Torrez offusquait autant que le P. Xavier. Un seigneur prit les armes sous prétexte de défendre la religion, et vint attaquer la ville. Le roi, croyant son parti désespéré, s’enferma dans son palais, y fit mettre le feu, poignarda de sa propre main son fils unique, et se fendit lui-même le ventre. Après