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HISTOIRE

la mort de ce prince, les rebelles firent main basse sur tous ceux qu’ils rencontrèrent armés ; mais, par un miracle de la Providence, aucun chrétien ne périt, et les missionnaires, contre qui surtout cette tempête était déchaînée, trouvèrent un asile dans le palais d’une princesse païenne qui avait conçu une grande estime pour eux, et qui les fit garder par les bonzes eux-mêmes, en les rendant responsables de tout ce qui arriverait à ceux qu’elle protégeait. Cependant ce mouvement se calma presque subitement. Les seigneurs choisirent pour leur roi Facarandono, frère du roi de Bungo, jeune prince en qui l’on admirait une grande douceur, jointe à beaucoup d’esprit et de courage. Le P. Xavier se rendit aussitôt auprès de lui, et le nouveau monarque promit de n’être pas moins favorable aux chrétiens que le roi de Bungo, son aîné.

Cependant les Portugais songeaient à leur départ, et le serviteur de Dieu avait déjà pris congé de Civan, qui l’avait embrassé avec larmes, lorsqu’un des plus fameux bonzes du Japon, nommé Fucarandono, sollicita du roi une audience, en présence du religieux européen, afin de le défier à la dispute. Le P. Xavier accepta avec empressement ; il confondit le prêtre idolâtre, en présence d’une nombreuse assemblée, et le bonze s’emporta tel-