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Pour en revenir à la partition de M. Reyer qui attendait son heure sans qu’elle sonnât jamais, Érostrate fut représentée à Bade deux fois, et avec un certain succès, il y a quelques années. Il est donc souverainement injuste de reprocher, comme on vient de le faire, à M. Reyer d’avoir donné aux étrangers la primeur de son œuvre. Les directeurs français s’obstinant à ne pas jouer leurs compatriotes, ceux-ci sont bien obligés, de guerre lasse, de demander l’hospitalité à nos voisins. Il est même surprenant que le cas de M. Reyer ne se soit pas présenté plus souvent ; la chose me paraît même regrettable, au point de vue de l’avancement général de l’art et de la notoriété de nos compositeurs.

Érostrate date donc de loin, et l’on aurait par conséquent mauvaise grâce à demander à son auteur autre chose que ce qu’il avait mis dans la statue, œuvre de la même époque, où l’on trouve la preuve marquée de l’instinct musical joint à l’inexpérience malgré la recherche d’effets ambitieux. Depuis lors, M. Reyer a dû travailler, et le talent d’écrivain venir en’aide à son inspiration. Il eût donc été préférable de le juger dans sa manière récente et améliorée ; avec un ouvrage nouveau ; on y viendra, je pense.