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pour le juger en dernier ressort. Il appartient évidemment, quoique de très loin, au genre mélopique de M. Wagner.

Comme on peut le voir, d’après cette analyse, tout annonçait une bonne soirée, si le second acte eût égalé le premier. Hélas ! il n’en est point ainsi. Son introduction est terne. J’en dirai autant du premier air d’Érostrate : « Les rois m’ont admis à leur cour. » L’andante en est froid, l’allegro, malgré son agitation, n’a qu’une chaleur factice. C’est beaucoup de bruit pour rien.

La scène entre Rhodina et Érostrate est une de ces mélopées dramatiques qu’affectionnent M. Reyer. L’intérêt musical y est médiocre, bien qu’on y retrouve avec plaisir la première mesure de la charmante romance de Scopas au premier acte.

Par son importance scénique, le duo d’Athénaïs et de Scopas : « Le ciel jaloux brisa l’offrande » devient l’un des morceaux les plus importants de l’ouvrage. Il est dramatique, sans que l’inspiration en soit bien soutenue. Quelques élans se font jour dans le motif final en mi bémol : ce duo appartient à la manière de Donizetti, et c’est fâcheux pour un Wagnérien tel que M. Reyer.