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car c’est un mauvais refuge que celui du dédain pour l’opinion ; on n’y porte jamais qu’un esprit mécontent. »

Cette mauvaise humeur, dont parle Fétis, ne perçait pas cependant dans ses feuilletons de l’Union, remarquables par le fond et par l’esprit qu’il y dépensait. Mais autant que nous avons pu en juger nous-même, et, surtout, de l’avis de ses amis, Léon Kreutzer n’aimait et n’estimait que le travail. Et encore sa main se refusait-elle à écrire ce que son imagination ardente et singulière lui dictait.

Pour cette partie matérielle, il avait recours à un secrétaire ; le travail de plume, si long pour le musicien, lui était devenu tout à fait insupportable dans les dix dernières années de sa vie. Il avait choisi pour l’aider dans cette tâche, un musicien d’orchestre, habile et consciencieux, M. Schœffer, qui saisissait rapidement, devinait presque la pensée que Léon Kreutzer, exprimait au piano, ou notait sur de petits morceaux de papier, dont il réglait les portées.

Léon Kreutzer, héritier de son oncle Rodolphe, qui lui avait légué une assez belle fortune, a laissé par testament une somme importante pour la publication de ses œuvres complètes. Son œuvre considé-