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la musique italienne ; bien loin de là, la musique se montre au contraire en concordance parfaite avec le texte.

Ô farceurs, inventeurs de l’incompréhensible, extracteurs de bizarreries, entassez rhythmes sur rhythmes, accords sur accords, sonorités sur sonorités, modulations sur modulations ; tourmentez votre esprit, déchirez-nous l’oreille, comme vous nous en menacez dans certaine préface, vous ne trouverez jamais rien de comparable aux beautés du Matrimonio segreto. Et je vous mets au défi de créer seize mesures d’un seul souffle, allant, pour seule modulation, de la tonique à la dominante, seize mesures qui s’approchent de cette grâce, de cette élégance, de ce naturel qui caractérisent les mélodies de Cimarosa. Ce simple procédé harmonique, cette horreur de la cadence parfaite, que vous dédaignez, on sait pourquoi, c’est celui sur lequel ont le plus spéculé les Haydn, les Mozart et les Cimarosa.

Oui, la vraie difficulté est là dans le simple, et non dans la torture que vous infligez à la langue. Aussi, votre agitation est-elle le plus souvent stérile. Considérez les cocasseries littéraires funambulesques, les épithètes baroques, les rimes curieuses ; les césures brisées de nos poétaillons du jour, et dites-