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En effet les Noces furent représentées à Vienne, ce jour-là, et avec un succès qui grandissait à chaque représentation. Dès la seconde on fit bisser cinq morceaux, et à la troisième on en redemanda sept. Le petit duo : Il soave zeffiretto fut répété trois fois.

Cependant Mozart, qui savait que les maëstri et les chanteurs italiens voulaient faire tomber sa pièce, se présenta dans la loge de l’empereur pour lui demander de faire exécuter l’ouvrage jusqu’à la fin, dans le cas où l’on voudrait y mettre obstacle.

Le succès fut tel que les Noces furent représentées à Prague la même année. On les joua tout l’hiver presque sans interruption. L’enthousiasme des habitants de Prague l’emporta sur celui des Viennois ; aussi Mozart disait-il souvent : « Les Bohêmes seuls me comprennent bien. » Partout on chantait et jouait ses mélodies, et les grands seigneurs se disputaient l’honneur de l’héberger. Ce fut chez le comte de Thun, qui entretenait chez lui un petit orchestre, que Mozart descendit lorsqu’il vint à Prague. Le jour de son arrivée on jouait les Noces ; il se rendit au théâtre dans la loge de son hôte. Le bruit de sa présence s’étant répandu, il fut acclamé par le public.