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Parlons maintenant de l’interprétation de l’Opéra-Comique, qui répondait, samedi dernier, à ce qu’on en attendait. Mme Carvalho, s’est chargée de nouveau du rôle de Chérubin ; elle l’a chanté avec une rare perfection. L’air : Voi che sapete che cosa è amor a été bissé, et j’ai vu le moment où la salle ravie allait le lui redemander une troisième fois. Quand à l’air : Non so più œsa son, cosa faccio, Mme Carvalho nous permettra de lui dire qu’elle le dit froidement : Nous l’avons entendu autrefois en Allemagne, et il nous frappait par son emportement. Il est, d’ailleurs indiqué dans la partition comme allegro vlvace. On sent que Mozart a voulu rendre la précipitation de la tirade dont l’expression se pressesurles lèvres et dans laquelle Chérubin exalté, dépeint à Suzanne l’amour naissant qui déborde de son cœur :

« Cela est vrai d’honneur ! Je ne sais plus ce que je suis, mais depuis quelque temps je sens ma poitrine agitée, mon cœur palpite au seul aspect d’une femme ; les mots amour et voluptés, le font tressaillir et le troublent. Enfin le besoin de dire à quelqu’un : je vous aime, est devenu pour moi si pressant que je le dis tout seul, en courant dans le parc, à ta maîtresse, à toi, aux arbres, aux nuages, au vent qui les emporte avec mes paroles perdues. ».