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l’idée principale. Préoccupant outre mesure l’oreille de l’auditeur, ces recherches la fatiguent et l’empêchent de saisir distinctement les sentiments que l’auteur a voulu rendre ; car celui-ci ne doit jamais oublier que le drame lui-même doit passer avant toute autre préoccupation. C’est aux voix qu’est réservé le rôle d’exprimer les sentiments des personnages, et M. Wagner est dans le faux lorsqu’il soutient qu’au théâtre la voix humaine ne doit pas avoir plus d’importance qu’une partie de clarinette ou de basson.

Mais laissons là, pour l’instant, les folles théories de l’auteur de Tannhauser pour ne nous occuper que de Djamileh.

Autant qu’on peut en juger après une seule audition d’une œuvre aussi consciencieusement travaillée, et étant données des tendances qui choquent mes idées sur l’opéra je reconnais que l’ouvrage de M. Bizet contient des passages intéressants et bien traités. Je citerai notamment : la marche égyptienne et l’ouverture, qu’on retrouve avec plaisir dans la scène de l’aimée ; le chœur d’introduction, chanté dans la coulisse d’une inspiration charmante ; un trio où l’on remarque les couplets de Djamileh : « Nour-Eddin, roi de Lahore, » écrits dans la manière de Schumann, mais sans imitation directe ;