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par moments les timbres des quatre instruments à cordes, disposés avec un art admirable par le maître, vibraient si étrangement que l’on croyait entendre la voix mystérieuse d’un orgue invisible. ............................

Certains loustics de la musique prétendaient que les derniers quatuors de Beethoven n’étaient qu’une cacophonie et que quatre instrumentistes, jouant, chacun de leur côté, tout ce qui leur passerait par la tête, produiraient un effet semblable à celui de cette composition. Ô loustics parisiens, ce sont bien là de vos traits !

Nous le déclarons, nous ne connaissons rien de plus extraordinaire comme conception, comme fantaisie, comme caprice et effets, que le 16e quatuor en ut dièse, par exemple.

Pour bien apprécier une œuvre pareille, il faut absolument envisager l’état d’esprit où se trouvait celui qui l’écrivit. Il avait déjà donné à l’art ses plus magnifiques productions. En proie à sa misanthropie, le succès n’était plus rien pour lui, il n’entendait plus que les sublimes harmonies qui résonnaient dans son cerveau. Solitaire, il ne tenait plus compte des impressions d’autrui. Les formes ordinaires dans