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En même temps il s’associait au mouvement qui s’est produit pendant la saison en faveur des compositeurs français, mouvement longtemps sollicité et qui ne s’arrêtera plus, nous l’espérons du moins.

Nous retrouvons aujourd’hui dans la partition de Gretna-Green les qualités qui recommandent le talent de M. Guiraud aux sympathies des dillettantes : la clarté, un des dons de notre génie national, la facilité, la verve, le charme et une main sûre, le plus souvent du moins. Rencontre-t-on chez le jeune musicien les signes d’une originalité bien accusée ? Je n’oserais pas l’avancer, car il me semble qu’il était encore sous la dépendance des maîtres qu’il a le plus étudiés.

L’instrumentation de Gretna-Green est ingénieuse, trop ingénieuse même. Des détails voulus, cherchés, caressés à l’excès, dans l’harmonie, viennent, parfois, nuire à l’effet de l’ensemble des morceaux. À chaque mesure le compositeur se plaît à surprendre l’oreille, à l’étonner. Il s’adresse trop à ce qu’on est convenu d’appeler la note curieuse. C’est là un excès contre lequel M. Guiraud ferait sagement de se tenir en garde, parce qu’il doit paralyser l’inspiration, au moment du travail.