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formes italiennes, et passer sous silence les beautés que plus que tout autre il était capable de comprendre. Combien de fois est-il revenu sur l’allegro final du grand air de dona Anna ? Que de plaisanteries n’a-t-il pas débitées sur le Matrimonio secreto ? « De la musique de bonne femme ! » s’écriait-il. Le Barbier de Séville lui-même n’est point à l’abri de ses sarcasmes, jusqu’au jour, toutefois, où le révolutionnaire, adouci par les circonstances, par les désillusions, par les déboires, pleurait tout près de moi, en écoutant avec délices ce Barbier, par lui-même persifflé naguère.

Aucun critique musical n’a eu, en France, une importance plus légitime que Berlioz ; aucun aussi ne s’est plus souvent déjugé, excepte sur lui-même bien entendu. On ne peut s’expliquer ses admirations excessives, ses dédains, ses retours d’opinions, qu’en étudiant le tempérament de l’homme. Avec une volonté de fer, Berlioz a su combattre la délicatesse de son organisation physique. Mais depuis le premier jusqu’à son dernier jour, Berlioz fut toujours maladif.

C’était une étrange nature morale. Sensible à l’excès, gouailleur à outrance, ardent au tra-