vail, enthousiaste pour le beau et le grand,
pleurant aux vers de Virgile, pleurant aux tragédies
de Shakespeare qu’il connaissait et qu’il déclamait
mieux que personne, pleurant aux accents
de Gluck, pleurant en lisant une simple fable du
bon Lafontaine et se pâmant d’aise en débitant des
calembours par à peu près.
Dans les derniers temps, il ne pouvait plus retenir ses larmes ; il pleurait à tout, signe évident de la destruction d’un pauvre corps surmené et brisé bien avant la mort. Un soir, des amis, qui le savaient à une des répétitions des Troyens, l’attendaient avec anxiété. Il arrive enfin, pâle, l’œil éteint, les cheveux en désordre, les bras pendants et les jambes tremblantes. La maîtresse de la maison se lève à cette apparition, court à lui, présumant une défaite.
— Mon Dieu ! que vous est-il arrivé ? dit-elle. Ne venez-vous pas de la répétition des Troyens ?
— Oui, répondit Berlioz d’une voix éteinte.
— Eh bien ?
— C’est superbe, s’écria-t-il, en tombant sur un canapé ! Superbe ! superbe ! répétait-il toujours en sanglotant….