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priée à sa taille, il vient de le placer dans un immense cadre, hors de toute proportion avec un ouvrage dont les délicatesses, les fines ciselures, les mille ornements, façonnés comme à la loupe, en un mot ce qu’il y a de meilleur chez lui, disparaissent aux yeux éblouis par tout ce qui les environne. Son opéra, transporté du Théàtre-Lyique à l’Académie de musique, me fait l’effet d’un Téniers qu’on encadrerait dans la « bordure » des Noces de Cana.

Mais prenons Faust tel qu’il est et tel qu’on nous » le présente. Il nest pas besoin de montrer, et ce serait une étude qui m’entraînerait trop loin, que le Faust de M. Gounod n’est point celui de Gœthe, qu’il n’en est, tout au plus, qu’une réduction.

Le rôle de Méphistophélès est manqué presque d’un bout à l’autre.

La partie fantastique, surtout, est loin datteindre les proportions exigées par le sujet. Mais, il faut bien en convenir, l’esprit français, en général, et la nature un peu féminine de M. Gounod, en particulier, ne sont guère aptes à comprendre le fantastique et à l’exprimer.

Nous accordons certes un grand talent à M. Gou-