delio était frappé chez nous. Elle savait qu’il lui
faudrait triompher de la routine, vaincre des préjugés
invétérés. Elle sentait qu’elle avait entre les mains
la réhabilitation d’un chef-d’œuvre méconnu. Mais
cette lourde tâche n’a point arrêté son courage.
Chargée d’une responsabilité si grande, c’est avec
une visible émotion qu’elle est entrée en scène. Mais
lorsque le succès a éclaté, on a pu voir, sur son visage
si mobile et si expressif, la double joie de l’artiste,
heureuse du succès de l’œuvre.
Le rôle du ténor ne commence qu’avec l’acte de la prison. Il est vrai que Florestan ne quitte plus la scène à partir de ce moment. On nous dit que M. Fraschini navait non-seulement jamais chanté, mais encore jamais entendu Fidelio, et que par une modestie bien digne d’un pareil talent, il regrettait hautement de n’avoir pas eu de modèle. Un artiste tel que M. Fraschini, peut s’en passer ; et il l’a prouvé. Il a triomphé de toutes les difficultés de ce rôle presque inaccessible, et ce n’est pas sans une émotion profonde que le public a chaleureusement applaudi dans cet adagio, empreint d’une mélancolie que l’âme si tendre de Beethoven pouvait seule ressentir et exprimer.
Nous ne finirons pas sans féliciter les artistes