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signes du génie nous ne les trouvons pas chez Auber. Dès ses premiers ouvrages, sa manière a déjà quelque chose d’arrêté, de définitif ; on pressent qu’il ira longtemps, mais qu’il ne s’emportera jamais. Tout est, chez lui, tempéré, même l’esprit, sa qualité dominante. Où trouver, par exemple, dans toute Son œuvre un air comparable pour sa fougue endiablée, à celui du Figaro dans le Barbier de Séville ? Quant à l’émotion, on la trouve rarement dans sa musique. Elle sourit, mais ne provoque point les larmes.

Nous venons de le dire, où l’on reconnaît le génie, c’est aux transformations qu’il opère, et quand le progrès s’arrête, la décadence est proche. Cette décadence du genre, dit national, nous la trouvons partout depuis quelques années. L’Opéra-comique n’y a point échappé, et ce n’est pas sans peine que nous l’avons vu donner asile à des pièces qui eussent été mieux placées aux Bouffes-Parisiens que sur la scène où l’on joue le Pré-aux-Clercs. Ce fait justifie nos craintes de voir les musiciens entraînés à l’encontre du mouvement provoqué par Hérold.

C’est ce mouvement, si bien caractérisé par Zampa, et dont le retentissement fut si grand, qu’il s’agit