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de reprendre. C’est vers ce but que doivent se tourner les aspirations des compositeurs contemporains tlont nous appelons de tous nos vœux l’avénement au théâtre. Sans cesser d’admirer Auber, qu’ils renoncent à marcher servilement dans sa voie ; car s’ils ne découvrent pas de nouveaux horizons, ils tomberont fatalement dans l’ornière suivie par les auteurs du Voyage en Chine, de Vert-Vert, de la Belle Hélène, de la Grande-Duchesse, de l’Œil Crevé et du Canard à trois becs !

C’est à partir de la mort de Boïeldieu et d’Hérold qu’Auber régna et gouverna, non pas à l’Opéra, où il n’a jamais occupé que le second rang, mais à l’Opéra-Comique. C’est à partir de ce jour seulement qu’il est devenu le roi et l’aimable despote de la salle Favart. On s’en aperçut bientôt, et le mouvement musical dont Zampa était le signal s’interrompit tout-à-coup. L’idéal d’Auber devint le patron du genre. Il l’imposa, et tout ce qui s’en écartait était presque condamné. Il entraînait à sa suite toute une génération de jeunes musiciens charmés qui lui sacrifiaient le plus souvent leur originalité. Ce qu’ils voulaient, c’était l’imiter. Ce servilisme avait ses dangers et beaucoup s’y perdirent. Et voilà comment de succès en succès, Auber a conduit le genre de