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sicien du Freischütz. Il ne pouvait admettre qu’en elles résidât la source de la vraie mélodie ; il fallait qu’il prouvât au monde qu’elles n’étaient qu’un émanation impure de cette source ; mais que la source elle-même, si on savait la trouver, coulait encore avec une limpide clarté. Si les fondateurs aristocratiques de l’opéra, dont nous avons parlé, ne faisaient que prêter l’oreille à la chanson populaire, Weber, au contraire, l’écoutait avec l’attention la plus soutenue. Si le parfum de la belle fleur populaire monta du pré jusque dans les appartements les plus somptueux du monde privilégié, pour y être distillé en essence portative, Weber voulut voir la fleur elle-même, et pressé par ce désir, il descendit des riches salons dans le pré même.

Là, il aperçut la fleur à la source du ruisseau, murmurant dans Iherbe odorante, sous les branches agitées des vieux arbres. Comme le divin artiste se sentit le cœur transporté à cet aspect, en respirant le parfum dans toute sa plénitude !

Il ne put résister au désir de présenter à l’humanité énervée ce parfum salutaire et vivifiant pour la délivrer de sa démence, et voulut arracher aussi