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confus ; l’horreur et le ravissement le saisirent à la vue de ces signes cabalistiques mystérieux, auxquels le maître avait attaché un sens de ravissement et d’horreur à la fois, afin de montrer par là les mystères qu’il entrevoyait, mais qu’il ne pouvait exprimer dans la musique, bien qu’il crût la chose possible, et dans la musique seulement.

À cette vue, le contemplateur fut saisi de vertige ; un chaos confus, multicolore, magique, s’empara de sa vue troublée. Ainsi aveuglé, il croyait voir des formes colorées et humaines quand, en réalité, c’étaient des ossements de fantôme qui hantaient son imagination. Ce vertige ensorcelé fut toute l’inspiration de Berlioz. Venait-il à se réveiller, affaissé alors comme un homme ennivré par l’opium, il sentait autour de lui le froid et le vide, qu’il cherchait à ranimer et à remplir en évoquant artificiellement l’excitation de son rêve, et il ne réussissait qu’à mettre péniblement en œuvre tout son attirail musical.

En cherchant à exprimer par des notes de musique les singulières images de son cerveau cruellement surexcité, et à les communiquer d’une façon précise