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ment dans le cours ultérieur du développement de l’opéra en général. Rossini, ainsi que nous l’avons vu, la supprima complètement et fit de la mélodie absolue le seul facteur légitime auquel tout autre intérêt, et surtout la participation du poëte devaient se subordonner. En outre, l’opposition que fit Weber à Rossini fut dirigée uniquement contre la légèreté et l’absence de caractère de sa mélodie, et nullement contre la position anti-naturelle du musicien vis-à-vis du dramaturge. Weber, au contraire, renforça encore cette situation anti-naturelle, par l’anoblissement caractéristique de sa mélodie, il se donna une position d’autant plus élevée au-dessus du poëte, que sa mélodie dépassait celle de Rossini en noblesse caractéristique.

Le poëte était à l’égard de Rossini comme un joyeux parasite, que le compositeur, en homme riche, mais bienveillant, traitait avec des huîtres et du champagne, de telle sorte que le docile poëte n’était, chez aucun maître du monde, plus à l’aise que chez le fameux maëstro[1]. Weber, au contraire,

  1. J’imagine que le lecteur, pas plus que moi, ne retrouve dans l’inspiration de la musique de Guillaume Tell, les huîtres et le champagne, dont parle M. Wagner.