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rempli d’une foi inflexible dans la pureté caractéristique de sa mélodie une et indivisible, subjuguait le poète avec une cruauté dogmatique et le força à dresser lui-même le bûcher sur lequel le malheureux devait se laisser réduire en cendres, afin d’alimenter le feu de la mélodie de Weber. Le poëte du Freischütz arriva, sans le savoir, à ce suicide ; il protesta même quand la chaleur du feu dont Weber remplissait encore l’air, prétendant que cette chaleur émanait de lui ; mais il se trompait foncièrement : ses bûches ne donnaient de la chaleur que lorsqu’elles étaient anéanties, brûlées ; après l’incendie, il ne pouvait revendiquer comme sa propriété que les cendres seules, c’est-à-dire le texte du dialogue.

Après le Freischütz, Weber chercha un serviteur plus souple et, voulant faire un nouvel opéra,

    Dans cette phrase sublime : Mon père, tu m’as dû maudire ? la plus émue, peut-être, la plus vraie d’expression qui soit jamais sortie du cœur d’un musicien, il y a autre chose, sans doute, que l’excitation d’un bon souper. Et ne pourrait-on pas dire, au contraire, que le critique, pour trouver de pareilles images, semble s’être oublié dans quelque taverne.

    (Note du traducteur.)