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la faculté générale pour l’amour que jusqu’à ce qu’il puisse y voir sa propre image. S’y est-il reconnu, alors l’universelle aptitude de la femme s’est condensée dans l’unique et impérieuse nécessité de l’aimer avec la violence du complet abandon.

La vraie femme aime sans réserve parce qu’il faut qu’elle aime. Elle n’a pas de choix hors le cas où elle n’aime pas. Mais quand elle est obligée d’aimer, alors elle éprouve une immense contrainte qui pour la première fois développe également sa volonté. Cette volonté en révolte contre la nécessité, est le plus puissant mouvement de l’individualité de l’objet aimé, qui, en pénétrant la femme par la conception, l’a douée elle-même d’individualité et de volonté. Là est l’orgueil de la femme, orgueil qui ne naît pour elle que de la force de l’individualité qu’elle a absorbée et qu’elle soumet à la nécessité de l’amour. Elle lutte ainsi, à cause de l’objet conçu qu’elle aime, contre la contrainte de l’amour lui-même, jusqu’à ce que, dominée par cette toute-puissance, elle comprenne que cette nécessité, de même que son orgueil, ne sont que l’exercice de la faculté, de l’individualité