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conçue, que l’amour et l’objet aimé ne font qu’un, que sans cet amour, elle n’a ni force ni volonté et que, du moment où elle est envahie par l’orgueil, elle se trouve anéantie. Le franc aveu de cet anéantissement est alors le sacrifice actif du dernier abandon de la femme : son orgueil se résout ainsi, avec pleine conscience, dans la seule chose qu’elle puisse éprouver, qu’elle puisse sentir et penser, dans cette chose qui est elle-même, — je veux dire l’amour pour cet homme.

Une femme qui n’aime pas avec cet orgueil de l’abandon, n’aime pas en vérité. Or, une femme qui n’aime pas, c’est le phénomène le plus horrible et le plus répugnant. Citons les types caractéristiques de femmes de ce genre.

On a appelé très-justement la musique italienne d’opéra des temps modernes « une fille de joie. » Une courtisane peut se vanter de rester toujours elle-même ; elle ne se met jamais hors d’elle ; elle ne se sacrifie jamais, sauf le cas où elle veut elle-même éprouver du plaisir ou obtenir un avantage, et pour ce cas, elle n’offre à la jouissance étrangère que la partie de son être dont elle peut facilement disposer,