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peut se déterminer que d’après le caractère de l’exécution ; ce n’est que quand nous sommes d’accord sur ce dernier élément que nous pouvons nous entendre sur l’autre. Les exigences de l’exécution, la tendance qu’elle manifeste à incliner soit du côté soutenu (chant), soit du côté du mouvement rhythmique (figuration), voilà ce qui doit décider le chef d’orchestre à accorder la préférence à telle ou telle mesure.

Or, ici, se manifeste l’opposition de l’adagio et de l’allegro, analogue à celle du ton soutenu et du mouvement figuré. C’est le ton soutenu qui fait la loi de l’adagio : ici, les tons musicaux se suffisent à eux-mêmes ; ils vivent de leur vie propre, indépendante, où vient se fondre le rhythme. On peut dire, en un sens, que l’adagio ne peut être mené avec trop de lenteur ; ici doit régner une confiance illimitée dans l’irrésistible éloquence de la pure langue des sons ; ici, la langueur de la sensation atteint jusqu’au ravissement ; ce que l’allegro exprimait par les changements perpétuels de la figuration, se dit à l’aide de la variété indéfinie des inflexions du ton. La moindre variation dans l’harmonie produit un effet de surprise, tandis qu’au