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Page:Charpentier - Un Don Juan dans la littérature japonaise, paru dans Le Figaro, 05 mai 1906.djvu/17

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Seigneur, dit-il, j’emporterai le corps de cette dame dans un monastère qui est sur l’autre versant de la colline. Là, on pourra, sans doute, célébrer pour elle les cérémonies funèbres. Quant à vous, je vous conseille de vous éloigner sans délai.

Genji écouta d’abord cet avis, et il s’en alla.

Koremitsu chargea le cadavre sur la voiture même qui avait amené, la veille, la mélancolique maîtresse. Et ainsi, quoique morte, l’innocente victime du caprice de Genji dut errer encore, feuille tremblante arrachée au cerisier natal et que le vent emporte de vallée en vallée. L’aurore dorait le lugubre équipage. De temps en temps, sur le chemin, des branches de pruniers, balancées par la brise, versaient quelques fleurs sur la passante immobile et froide. Des oiseaux chantaient, et leurs chansons d’amour saluaient, en son suprême voyage, celle qui avait été tuée par l’amour.