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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/112

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que Brutus et Cassius sont autheurs de la mort de Caesar, c’est le moindre ; mais je veux qu’il leur fasse le procez, et qu’il juge s’ils ont bien faict en cela, s’ils ont bien ou mal merité du public, s’ils s’y sont portez avec prudence, justice, vaillance, en quoy ils ont bien et mal faict. Finalement et generallement il faut requerir en tous ses propos, demandes, responses, la pertinence, l’ordre, la verité, oeuvre du jugement et de la conscience. En ces choses ne luy faut quitter ou dissimuler aucunement, mais le presser et tenir subject. Secondement il doibt le duyre et façonner à une honneste curiosité de sçavoir tout, par laquelle premierement il aye les yeux par-tout à considerer tout ce qui se dira, faira et remuera à l’entour de luy, et ne laisser rien passer qu’il ne juge et repasse en son esprit ; puis qu’il s’enquiere tout doucement des autres choses, tant du droict que du faict. Qui ne demande rien ne sçait rien, dit-on : qui ne remuë son esprit, il s’enrouille et demeure sot ; et de tout il doibt faire son profict, l’appliquer à soy, en prendre advis et conseil, tant sur le passé, pour ressentir les fautes qu’il a faict, que pour l’advenir, affin de se reigler et s’assagir. Il ne faut pas laisser les enfans seuls resver, s’endormir, s’entretenir : car n’ayant la suffisance de se fournir matiere belle et digne, ils se paistront de