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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/198

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nos amis, de leur absence et eslongnement de nous, c’est leur vray et très grand bien : (…). Le vray usage de la mort, c’est mettre fin aux miseres. Si Dieu eust faict nostre vie plus heureuse, il l’eust faicte plus longue. C’est donc, à vray dire, sur nostre interest qu’est fondée ceste plaincte, ceste affliction. Or cela est desia messeant, c’est espece d’injure d’avoir regret au repos de ceux qui nous ayment, pource que nous en sommes incommodez : (…). Après il y a à cela un très bon remede, que la fortune ne nous peust oster, c’est que, survivant à nos amis, nous avons moyen d’en faire d’autres : l’amitié est un des plus grands biens de la vie, aussi est-il des plus aisez à acquerir. Dieu faict les hommes, et les hommes font les amis. à qui la vertu ne manque poinct, les amis ne manqueront jamais : c’est l’instrument avec lequel on les faict, et avec lequel, quand on a perdu les anciens, on en refaict de nouveaux. La fortune nous a-elle osté nos amis ? Faisons-en de nouveaux : par ce moyen nous ne les aurons pas perdus, mais multipliez. de