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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/82

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dresser le corps, reigler les mœurs. Mais, avant que donner les advis particuliers servans à ces trois, il y en a de generaux qui appartiennent à la maniere de proceder en cest affaire pour s’y porter dignement et heureusement, qu’il faut sçavoir par un prealable. Le premier est de garder soigneusement son ame pucelle et nette de la contagion et corruption du monde, qu’elle ne reçoive aucune tache ny atteincte mauvaise. Et pour ce faire il faut diligemment garder les portes ; ce sont les oreilles principalement, et puis les yeux, c’est-à-dire donner ordre qu’aucun, fust-il mesme son parent, n’approche de cest enfant, qui luy puisse dire ou souffler aux oreilles quelque chose de mauvais. Il ne faut qu’un mot, un petit propos, pour faire un mal difficile à reparer. Garde les oreilles sur-tout, et puis les yeux. à ce propos Platon est d’advis de ne permettre que valets, servantes et viles personnes, entretiennent les enfans ; car ils ne leur peuvent dire que fables, propos vains et niais, si pis ils ne disent. Or c’est desia abbreuver et embabouyner ceste tendre jeunesse de sottises et niaiseries. Le second advis est au choix, tant des personnes qui auront charge de cest enfant, que des propos que l’on luy tiendra, et des livres que l’on luy baillera. Quant aux personnes, ce doibvent estre gens de bien, bien nez,