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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/96

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avec honneur celuy de qui il a emprunté ce qu’il dict. Le sage est comme celuy qui vit de ses rentes. La sagesse est un bien propre et sien : c’est un naturel bon, bien cultivé et labouré. Tiercement, les conditions sont bien autres, plus belles et plus nobles de l’une que de l’autre. La science est fiere, presomptueuse, arrogante, opiniastre, indiscrette, querelleuse, (…) : la sagesse modeste, retenuë, douce et paisible. 2 la science est caqueteresse, envieuse de se monstrer, qui toutesfois ne sçait faire aucune chose, n’est poinct actifve, mais seulement propre à parler et à en conter : la sagesse faict, elle agit et gouverne tout. La science donc et la sagesse sont choses bien differentes, et la sagesse est bien plus excellente, plus à priser et estimer que la science ; car elle est necessaire, utile par-tout, universelle, actifve, noble, honneste, gracieuse, joyeuse. La science est particuliere, non necessaire, ny gueres utile, poinct actifve, servile, mechanique, melancholique, opiniastre, presomptueuse. Venons à l’autre poinct, qui est qu’elles ne sont pas tousiours ensemble, mais au rebo