Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (2).djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

esclaves, qui ne pourraient se résigner à se voir ravir la liberté au moment où ils croyaient l’atteindre.

Acte d'abolition de l'esclavage. Placé dans ces graves conjonctures, le gouvernement n’hésita point. Le 14 mai 1833, lord Stanley, secrétaire d’État des colonies, au nom du cabinet, saisit le parlement des résolutions qui furent formulées par l’acte d’abolition de l’esclavage, sanctionné le 28 août 1834, à la double condition d’une indemnité de vingt millions de livres sterling (500, 000, 000 de francs), et d’un temps d’apprentissage qui, cessant au 1er août 1838 pour les noirs des cités, se prolongerait jusqu’au 1er août 1840 pour ceux des campagnes, supposés moins préparés au bienfait de la liberté.

En garantissant un travail continu aux planteurs dépossédés, comme complément de la juste indemnité qui leur était accordée, l'acte initiait l'apprenti au travail libre, sans compromettre la production coloniale, l'un des principaux éléments de la navigation métropolitaine.

De plus, l'acte laissait l'entretien de l'apprenti à la charge du maître, qui profitait de son temps ; il permettait le rachat de ce temps, stimulant ainsi, l'une par l'autre, l'épargne et la libération successive ; enfin il instituait une magistrature spéciale, indépendante de tout intérêt colonial.

La juridiction de cette nouvelle magistrature avait pour but la protection de la population noire, qui, par le fait de l'apprentissage, était considérée comme placée sous la tutelle de l'autorité publique[1].

  1. Le système d'apprentissage ou de noviciat, appliqué par le gouvernement anglais à la transition de l'esclavage à la liberté, est univer-