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CXV.


Veus tu treuver la mort facile & transitoire,
Esleve l'ame à DIEU au jour d'affliction,
Encore avant le tems de ton oppression,
De tes oppressions demande luy victoire :

Auparavant qu'il siege au throne de sa gloire,
Examine en ton cuer ta conversation,
Et prens la medecine avant l'infection,
Au jour du jugement il en aura memoire ;

Crois fermement en luy, & luy sers jeunement
Embrasses son vouloir, fais son commandement
Ne blasmant ton prochain epoinconné d'envie

Lors Sathan te lairra, & mourant arresté
Tu luiras comme un astre au plus chaud de l'Esté
Communement la mort est telle que la vie.


CXVI.


Des l’àge tendrelet de l’indiscrette enfance
Qu'oyons nous, Bon-compain, que plaintes & que dueil,
Helas ! que voyons nous qu'Epitaphe & cercueil
Des mors qui vont dormir le sommeil d'oubliance ?

Et si le fait d'autruy si avant ne s'avance
Dans nos cuers engourdis, combien dessus le sueil
De leur clarté premiere, en voyons nous à l'œil
De nos proches parents mourir de violence ?

Et puis nous appelons le trespas impourveu,
Qui de nous à toute heure en tant de lieus est veu,
Voire sans en bouger à nos sens se presente :

Meditons y souvent, & nous ne serons point
Despourveus ny douteus reduis au dernier point,
La mort inopinee est rarement constante.