Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/194

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CCXIX.


CE PRINCE genereus dont la vive prouesse
Dez la Grece emperiere aus Indes s'eslevoit
Oyant que d'autre monde au monde se treuvoit
Pleuroit d'ambition eschauffé de jeunesse :

Mais le sage Crates qui pour toute richesse
Seulement un bissac, & une cappe avoit
D'aucune fascherie oncque ne s'esmouvoit,
Portant tousjours au front une mesme allegresse.

De la seule vertu, non pas de l'ornement
Des illustres grandeurs, vient le contentement
Le repos & le bien, que le sage doit suivre

Cherchons l'heur en dedans, & non pas en dehors
Au ciel non en la terre, en l'ame & non au cors
Assez riche est celui qui scait comme il faut vivre.


CCXX.


NE CHERCHE, Chassignet, en la possession
D'un sceptre authorité de charges souveraines,
Aus honneurs & thresors des richesses mondaines
L'heur le plus asseuré de ta condition.

La felicité gist en la discretion
D'un esprit alaitté d'esperances non vaines
De vivre apres la mort en liesses certaines,
Prenant en JESUS-CHRIST sa consolation.

Les estas & les biens helas ! ne sont pas dignes
Que nos ames qui sont celestes & divines
Affleurent la le but de leur felicité :

Celui seul est heureus duquel la conscience
Nette de tout peché met en DIEU sa fiance
Vivant, pour bien mourir, en crainte & verité.