Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/28

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et se font précéder d’un nombre de piques proportionné au rang qu’ils occupent dans la hiérarchie civile ou militaire.

Les personnages considérables sont toujours accompagnés d’une suite nombreuse ; et cet ensemble d’officiers, de gens de service, vêtus uniformément aux couleurs de leurs maîtres, armés de lances aux formes bizarres et ornées de guidons de toutes nuances, rappelle d’une façon singulière le moyen âge avec ses barons, ses écuyers et ses varlets : n’est-il pas étrange que ce soit au Japon, au dix-neuvième siècle, que pareille fantasmagorie vienne à se produire !

Du reste, l’organisation politique du Japon est encore toute féodale, dans la forme du moins ; nombre des anciens grands Feudataires ou Détenteurs de fiefs importants, qui, par le passé, reconnaissaient avec peine l’autorité du Suzerain, ayant été, depuis un siècle à peu près, réduits à faire entre ses mains abdication de leurs anciens droits. Deux princes ou Damios, cependant, dont les fiefs sont situés aux extrémités de l’île, ont su, même de nos jours, maintenir sur leurs domaines leurs prérogatives féodales ; et, au tribut annuel près qu’ils ne cessent d’envoyer à Yeddo, ils ont conservé une position assez indépendante et assez redoutable pour que l’Empereur ou