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suis-je bien décidé à abuser de ses connaissances pratiques autant que de ses jambes pendant le court séjour que nous devons faire à Simoda ; mon avis étant que, comme il faut être marchand, savant ou marin pour revenir, de gaieté de cœur, deux fois d’Europe au Japon, quels que soient ses éléments attractifs, il est sage à moi, qui ne remplis aucune de ces conditions, de ne rien négliger sur la route que des circonstances imprévues sont venues, à quarante ans, ouvrir devant moi.

À deux heures, le baron Gros, M. de Contades et moi, nous sommes allés à terre rendre à M. Harris la visite que des rhumatismes, contractés dans de longs et pénibles voyages, l’avaient empêché de faire le matin en personne à l’ambassadeur.

Nous avons trouvé un homme aussi ardent de tête que fatigué de corps ; impatient de son inactivité forcée, et, dans la conversation, sautant d’un sujet à un autre avec une chaleur presque fébrile ; mais en même temps avec un brillant de pensées et d’expressions qui m’a singulièrement surpris chez un Américain du Nord. Il parle de la France avec enthousiasme, et, dans sa bouche, l’éloge de mon pays m’a fait du bien, parce qu’il m’a paru sincère et sans exagération ; celui d’un cerveau qui étudie, analyse et déduit.

De tous les agents européens au Japon, M. Harris