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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/233

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Marcellus et Cicéron, père de la patrie. Ces citoyens magnanimes seinbloient encore siéger au sénat avec les successeurs des Tigellin et des Séjan, comme pour montrer d’un coup d’œil les extrémités du vice et de la vertu et pour attester les affreux changements que le temps amène dans les empires.

Ce fut dans cette vaste salle que se réunirent les juges des chrétiens. Dioclétien monta sur son trône ; Galérius s’assit à la droite et Constantin à la gauche de l’empereur ; les officiers du palais occupoient, chacun selon son rang, les degrés du trône. Après avoir salué la statue de la Victoire et renouvelé devant elle le serment de fidélité, les sénateurs se rangèrent sur les bancs autour de la salle ; les orateurs se placèrent au milieu d’eux. Le vestibule et la cour du Capitole étoient remplis par les grands, les soldats et le peuple. Dieu permit aux puissances de l’abîme et aux habitants des tabernacles divins de se mêler à cette délibération mémorable : aussitôt les anges et les démons se répandent dans le sénat, les premiers pour calmer, les seconds pour soulever les passions ; ceux-ci pour éclairer les esprits, ceux-là pour les aveugler.

On immola d’abord un taureau blanc à Jupiter, auteur des bons conseils : pendant ce sacrifice, Eudore se couvrit la tête et secoua son manteau, qu’avoient souillé quelques gouttes d’eau lustrale. Dioclétien donne le signal, et Symmaque se lève au milieu des applaudissements universels : nourri dans les grandes traditions de l’éloquence latine, ces paroles sortirent de sa bouche, comme on voit les flots majestueux d’un fleuve rouler lentement dans une campagne qu’ils embellissent de leur cours.


fin du livre quinzième.