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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/377

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nommée la Noire, étoit dans cette montagne. Cérès, pleurant l’enlèvement de Proserpine, prit une robe noire, et se cacha pour pleurer dans la grotte du mont Élaïus. Les fruits et les moissons périssoient, les hommes mouroient de faim, les dieux ne savoient ce qu’étoit devenue la déesse. Pan, en chassant sur les montagnes d’Arcadie, retrouva enfin Cérés. Il en avertit Jupiter ; Jupiter envoya les Parques à Cérès, et ces divinités inexorables fléchirent, par leurs prières, le courroux de Cérès : elle rendit les moissons aux hommes. (Pausanias, lib. VIII, in Arcad., cap. XLII.)


10e. — page 30.

Les voyageurs traversent l’Alphée au-dessous du confluent du Gorthynius, et descendent jusqu’aux eaux limpides du Ladon.

Il n’est point de lecteur qui n’ait entendu parler de l’Alphée et du Ladon : de l’Alphée, à cause de ses amours avec Aréthuse et de son passage à Olympie, et du Ladon, à cause de la beauté de ses eaux.

J’ai traversé, au mois d’août 1806, une des sources de l’Alphée, entre Léontari, Tripolizza et Misitra ; cette source étoit tarie.

Le Gorthynius, dit Pausanias, est de tous les fleuves celui dont les eaux sont les plus fraîches. (Liv. VIII, ch. xxvii.)

Démodocus venant de Phigalée, et descendant l’Alphée, devoit rencontrer d’abord le Gorthynius, et puis le Ladon.


11e. — page 30.

Là se présente une tombe antique, que les nymphes des montagnes avoient environnée d’ormeaux.

Ἠδ’ ἐπὶ σῆμ’ ἔχεεν· περὶ δὲ πτελέας ἐφύτευσαν
Νύμφαι ὀρεστιάδες.

(Iliad., liv. vi, v. 419.)


12e. — page 30.

C’étoit celle de cet Arcadien pauvre et vertueux, d’Aglaüs Psophis.

« On nous montra un petit champ et une petite chaumière : c’est là que vivoit, il y a quelques siècles, un citoyen pauvre et vertueux ; il se nommoit Aglaüs. Sans crainte, sans désirs, ignoré des hommes, ignorant ce qui se passoit parmi eux, il cultivoit paisiblement son petit domaine, dont il n’avoit jamais passé les limites. Il étoit parvenu à une extrême vieillesse, lorsque des ambassadeurs du puissant roi de Lydie, Gygès ou Crésus, furent chargés de demander à l’oracle de Delphes s’il existoit sur la terre entière un mortel plus