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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/426

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38e. — page 92.

Le vieux roi des Sicambres.

Il y aura ici anachronisme, si l’on veut, ou l’on dira que c’est un Pharamond, un Mérovée, un Clodion, ancêtre des princes de ce nom que nous voyons dans l’histoire. On sait d’ailleurs qu’il y a eu plusieurs Pharamond, et peut-être ce nom n’étoit-il que celui de la dignité (Montfaucon, Antiq.). Je ne puis m’empêcher de remarquer la justice et la bonne foi de la critique. On a tout approuvé dans ce livre, jusqu’aux anachronismes, qu’on n’a point relevés, et l’on m’a chicané sur le nom de Velléda, qui n’est point la Velléda de Tacite.


39e. — page 92.

À leurs casques en forme de gueules ouvertes ombragées, etc.

« Tous les cavaliers cimbres avoient des casques en forme de gueules ouvertes et de mufles de toutes sortes de bêtes étranges et épouvantables ; et les rehaussant par des panaches faits comme des ailes et d’une hauteur prodigieuse, ils paroissoient encore plus grands. Ils étoient armés de cuirasses de fer très-brillantes et couverts de boucliers tout blancs. » (Plutarque, in Vit. Mar.) J’attribue aux Francs ce que Plutarque raconte des Cimbres ; mais les Cimbres avoient habité les bords de l’Océan septentrional, comme les Francs, et tous les barbares qui envahirent l’empire romain avoient, les Huns exceptés, une foule de coutumes semblables.


40e. — page 92.

Il étoit… retranché avec des bateaux de cuir et des chariots attelés de grands bœufs.

Tacite parle des légers bateaux à deux proues d’une nation germanique qui habitoit les bords de l’Océan. Sidoine Apollinaire, dans le Panégyrique d’Avitus, dit que les bâtiments des Saxons étoient recouverts de peaux. Quant aux chariots, une autorité suffira : Sidoine raconte que Majorien ayant vaincu les Francs, on trouva dans des chariots tous les préparatifs d’une noce : le repas, les ornements et des vases couronnés de fleurs. On s’empara de ces chariots et de la nouvelle épouse : c’étoit vraisemblablement une reine des Francs, à en juger par cette magnificence.

Que les camps étoient retranchés avec des chariots, on va le voir : « Omnemque aciem suam (Germanorum) circum rhedis et carris circumdederunt… eo mulieres imposuerunt. » (Cæs.)