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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/433

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Romains étoit saisi de crainte, et Marius lui-même frappé d’étonnement. (Plutarque, in Vit. Mar.)


69e. — page 99.

Les Francs pendant la nuit avoient coupé les têtes des cadavres romains.

On voit un exemple remarquable de cette coutume des barbares dans la description du camp de Varus, par Tacite. Salvien (de Gubernatione Dei), Idace (dans sa Chronique in Biblioth. Patr., vol. vi, page 1233), Isidore de Séville, Victor (de Persecutione africana), etc., font tous des descriptions horribles de la cruauté des peuples qui renversèrent l’empire romain. Ils allèrent jusqu’à égorger des prisonniers autour d’une ville assiégée, afin de répandre la peste dans la ville par la corruption des cadavres. (Victor, loc. cit.)


70e. — page 99.

Un énorme bûcher, composé de selles de chevaux.

Ceci rappelle vaguement la résolution d’Attila après la perte de la bataille de Châlons. (Jornandès, de Reb. Goth.)


71e. — page 99.

Les femmes des barbares, vêtues de robes noires.

« Stabat pro littore diversa acies, densa armis virisque, intercursantibus feminis, in modum furiarum, quæ veste ferali, crinibus dejectis, faces præferebant. Druidæque circum, preces diras sublatis ad cœlum manibus fundentes, novitate aspectus, perculere milites. » (Tacit., Ann., xiv, 30.) Les femmes venant contre eux avec des épées et des haches, grinçant les dents de rage et de douleur, et jetant des cris horribles, frappent également sur ceux qui fuient et sur ceux qui poursuivent ; sur les premiers comme traîtres, et sur les autres, comme ennemis : se jettent dans la mêlée, saisissent avec les mains nues les épées des Romains, leur arrachent leurs boucliers, reçoivent des blessures, se voient mettre en pièces sans se rebuter, et témoignent jusqu’à la mort un courage véritablement invincible. (Plutarque, in Vit. Mar.) Là on vit les choses du monde les plus tragiques et les plus épouvantables. Les femmes, vêtues de robes noires, étoient sur les chariots, et tuant les fuyards : les unes leurs maris, les autres leurs frères, celles-là leurs pères, celles-ci leurs fils ; et prenant leurs petits enfants, elles les étouffoient de leurs propres mains, et les jetoient sous les roues des chariots et sous les pieds des chevaux, et se tuoient ensuite elles-mêmes ; on dit qu’il y en eut une qui se pendit au bout de son timon après avoir attaché par le cou à ses deux talons deux de ses enfants, l’un deçà, l’autre delà. Les hommes, faute