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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/452

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Le Dante a une cité infernale un peu plus ressemblante à mon palais Satan ; mais à peine reconnoît-on quelques traits de ma description.

Omai figliuolo,
S’appressa la città ch’ha nome Dite…
........Già le sue meschite
Là entro certo nella valle cerno
Vermiglie come se di fuoco uscite…
(Inf., cant. VIII.)
...............
L’occhio m’avea tutto tratto
Ver l’alta torre alla cima rovente,
Ove in un punto vidi dritte ratto
Tre Furie infernal di sangue tinte…

Le Tasse n’a point décrit de palais infernal. Les amateurs de l’antiquité verront comment j’ai dérobé au Tartare, pour les placer dans un enfer chrétien, l’ombre stérile des Songes, les Furies, les Parques et les neuf replis du Cocyte. Le Dante, comme on le voit, a mis les furies sur le donjon de la città dolente.


20e. — page 122.

L’éternité des douleurs, etc.

C’est la fiction la plus hardie des Martyrs, et la seule de cette espèce que l’on rencontre dans tout l’ouvrage.


21e. — page 122.

Il ordonne aux quatre chefs, etc.

C’est ainsi que le Satan de Milton et celui du Tasse convoquent le sénat des enfers.

Chiama gli abitator, etc.

Vers magnifiques, dont je parlerai au xviie livre.


22e. — page 122.

Ils viennent tels que les adorent.

C’est l’Olympe dans l’enfer, et c’est ce qui fait que cet enfer ne ressemble à aucun de ceux des poëtes mes devanciers. L’idée d’ailleurs est peut-être assez heureuse, puisqu’il s’agit de la lutte des dieux du paganisme contre le véritable Dieu ; enfin, ce merveilleux est selon ma foi : tous les Pères ont cru que les dieux du paganisme étoient de véritables démons.