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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/494

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étoit une grande caverne, dont l’entrée étoit fermée avec une pierre, laquelle ayant levée pour y entrer, et regardant attentivement de tous côtés, par cet instinct naturel qui porte l’homme à désirer de connoître les choses cachées, il aperçut au dedans comme un grand vestibule qu’un vieux palmier avoit formé de ses branches en les étendant et les enlaçant les unes dans les autres, et qui n’avoit rien que le ciel au-dessus de soi. Il y avoit là une fontaine d’eau très-claire, d’où sortoit un ruisseau qui à peine commençoit à couler, qu’on le voyoit se perdre dans un petit trou, et être englouti par la même terre qui le produisoit. » (Vie des Pères du désert, traduction d’Arnauld d’Andilly, t. I, p. 3.)


53e. — page 161.

Comment vont les choses du monde ?

« Ainsi Paul, en souriant, lui ouvrit la porte ; et alors, s’étant embrassés diverses fois, ils se saluèrent et se nommèrent tous deux par leurs propres noms. Ils rendirent ensemble grâces à Dieu ; et après s’être donné le saint baiser, Paul s’étant assis auprès d’Antoine, lui parla de cette sorte :

« Voici celui que vous avez cherché avec tant de peine, et dont le corps, flétri de vieillesse, est couvert par des cheveux blancs tout pleins de crasse. Voici cet homme qui est sur le point d’être réduit en poussière. Mais, puisque la charité ne trouve rien de difficile, dites-moi, je vous supplie, comme va le monde. Fait-on de nouveaux bâtiments dans les anciennes villes ? Qui est celui qui règne aujourd’hui ? » (Vie des Pères du désert, traduction d’Arnauld d’Andilly, tome I, page 10.)


54e. — page 161.

Il y a cent treize ans que j’habite cette grotte.

« Y ayant déjà cent treize ans que le bienheureux Paul menoit sur la terre une vie toute céleste ; et Antoine, âgé de quatre-vingt-dix ans (comme il l’assuroit souvent), demeurant dans une autre solitude, il lui vint en pensée que nul autre que lui n’avoit passé dans le désert la vie d’un parfait et véritable solitaire. » (Vie des Pères du désert, traduction d’Arnauld d’Andilly, tome I, page 6.)


55e. — page 161.

Paul alla chercher dans le trou d’un rocher un pain.

Allusion à l’histoire du corbeau de saint Paul. J’ai écarté tout ce qui pouvoit blesser le goût dédaigneux du siècle, sans pourtant rien omettre de principal. Il ne faut pas, d’ailleurs, que les partisans de la mythologie crient si haut contre l’histoire de nos saints : il y a des corbeaux et des corneilles qui jouent des rôles fort singuliers dans les fables d’Ovide. Ne sait-on pas