Aller au contenu

Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/594

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inspire les images du vice et du libertinage (p. 7) ; et il ajoute « que M. de Cambrai a fait plus de tort à la religion par son Télémaque que par son livre des Maximes des Saints, et que le premier est plus pernicieux que le second. » (P. 16.)

Voilà, si je ne me trompe, tout le raisonnement sur Velléda.

Après avoir reproché à Fénelon les longs voyages de Télémaque, Faydit passe à la seconde partie de sa critique. C’est là qu’il étale son érudition et qu’il montre très-pertinemment que Fénelon ne savoit ni l’histoire, ni la fable, ni la géographie. Anachronisme pour Pygmalion, anachronisme pour Sésostris, anachronisme pour Aceste, etc., etc. (P. 75 et suiv.) Quant à Bocchoris, il y a non-seulement anachronisme, mais faute grossière contre l’histoire, car Fénelon nous le représente comme un insensé, et l’histoire en fait un sage. (P. 313.)

Faydit ne veut pas qu’on emprunte un nom dans l’histoire pour le donner à un personnage d’invention ; et il faut absolument que le Bocchoris du Télémaque soit le Bocchoris de Diodore de Sicile, comme la Velléda des Martyrs est de toute nécessité la Velléda de Tacite.

Ailleurs, Faydit trouve en trois mots trois insignes bévues. (P. 272.) « C’est le reproche qu’on a à faire à M. de Cambrai de n’avoir su ni la fable ni l’histoire, et d’avoir fait presque autant de fausses histoires qu’il a parlé de choses. Fondation de villes, invention des arts, portraits des grands hommes, éloges des bons, satires contre les prétendus méchants, descriptions des pays, mœurs des peuples, tout est faux. » (P. 142.)

« Ce grand homme, qui se mêle de parler de tout, de la théologie, de l’histoire et de la fable, et même de faire des romans, ne sait pas les premiers éléments de la romanographie. » (P. 173.)

C’est la cause de la religion, des bonnes mœurs et du bon goût, qui met à Faydit la plume à la main. On ne sait pourtant comment il arrive que certain article inspire au censeur une étrange gaieté : Faydit rencontre sur son chemin les flagellations des prêtres égyptiens, et tout à coup sa verve s’allume. Puis vient l’article de la circoncision :

« Il faut nécessairement que puisque Télémaque eut l’honneur de converser, et même de se familiariser avec un prêtre égyptien du temple d’Apollon, nommé Termosiris, qu’il se soit fait circoncire. Que dis-je ? circoncire…, il faut… (voyez le texte). À l’égard de Télémaque, il faut que ni Calypso, ni la jeune Eucharis, ni la charmante Antilope, fille du roi Idoménée, ni aucune des belles nymphes de l’île d’Amour et de Chypre, ni Vénus même, n’aient point eu le vent de son infirmité secrète, car assurément elles n’auroient point été si empressées de l’avoir pour époux ou pour galant, et n’auroient pas