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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/595

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été si affolées de lui que le roman les représente. » (P. 369-70-71.)

Enfin, dans une troisième partie, dont Faydit ne donne cependant qu’une idée (et quelle idée !), il attaque le Télémaque sous les rapports littéraires.

« Je voulois donc, dit-il, relever en dernier lieu les absurdités, les fatuités et pauvretés d’esprit et fautes de jugement qui sont répandues dans cet ouvrage, et surtout dans les épisodes, dans les dénoûments des intrigues, dans les portraits de personnes vivantes, dans les instructions et les leçons de sagesse et de philosophie que Mentor donne à son élève. » (P. 452.)

Suit la critique de la scène admirable où Mentor précipite Télémaque dans la mer. Ensuite viennent des plaisanteries sur le naufrage. Mentor et Télémaque sont à califourchon sur un mât, « comme font les enfants qui mettent un bâton entre leurs jambes, et le tournent comme ils veulent deçà et delà, et l’appellent leur petit dada. » (P. 456.) Mais comment Mentor et Télémaque ne glissoient-ils point sur ce mât ? « Apparemment qu’ils avoient mis chacun un clou derrière eux, qui les empêchoit de couler. » (P. 356.)

Plus loin, vous lisez que « dans le roman de Télémaque tout est hors de sa place et de travers. » (P. 464.) « Dans le roman de Télémaque tout est guindé, singulier, extraordinaire ; l’historien est toujours monté sur des échasses ; les moindres bergères y parlent toujours phébus et poétiquement. » (ibid.) « Les prouesses de don Quichotte et de Gusman d’Alfarache ni celle des Amadis et de Roland le Furieux n’ont rien de semblable. » (P. 476.)

Enfin, sur quelques expressions employées par Fénelon pour peindre la beauté d’Antilope, Faydit s’écrie :

« À quoi peuvent servir, après cela, toutes les belles instructions de morale et de vertu chrétienne et évangélique que M. de Cambrai fait donner par Mentor à Télémaque ? N’est-ce pas mêler Dieu avec le démon, Jésus-Christ avec Bélial, la lumière avec les ténèbres, comme dit saint Paul, faire un mélange ridicule et monstrueux de la religion chrétienne avec la païenne et des idoles avec la Divinité ?… Bien loin que la vérité débitée par ces sortes de prêcheurs fasse impression et porte à la dévotion, elle ne peut tout au plus porter les lecteurs qu’à la leur rendre suspecte et même méprisable. » (P. 462.) Ces derniers passages de la Télémacomanie tombent si juste sur Les Martyrs, c’est là si parfaitement les reproches que l’on a faits au style, au sujet et à l’effet du livre (galimatias, phébus, caractères ridicures, péril pour les mœurs et la religion, profanation, scandale), que