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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/614

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mettoit d’exprimer avec moins d’entraves l’enthousiasme que m’inspirent les sentiments des grands cœurs, les caractères élevés, les actions magnanimes, et le mépris souverain que j’ai voué aux bassesses de l’âme, aux petites intrigues de l’envie et à ces affectations effrontées de courage et de noblesse que dément à chaque pas une conduite servile.

CHANGEMENTS FAITS À CETTE ÉDITION
ET REMARQUES AJOUTÉES À LA FIN DE CHAQUE LIVRE.

Dans le troisième livre, les discours des puissances divines sont retranchés : comme ces discours contiennent l’exposition complète du sujet et le mot du récit, j’ai été obligé d’en conserver la substance. M. de La Harpe, dans son chant du Ciel, avoit commis la même faute que moi, et faisoit parler Dieu, à l’exemple du Tasse et de Milton, d’après l’autorité de l’Écriture. On lui fit remarquer que ces discours étoient trop longs, et qu’on ne sauroit jamais prêter à Dieu un langage digne de lui. Il changea son plan, et, par une heureuse idée, il mit ce qu’il vouloit dire dans la bouche du prophète Isaïe. Debout au milieu des saints et des anges, le fils d’Amos lit dans le Livre de Vie les destins de la terre. Je n’ai pu m’approprier cette belle fiction : j’ai eu recours à un autre moyen, que l’on jugera.

Dans ce même livre du Ciel, Cymodocée n’est plus demandée comme une victime immédiate, mais elle est annoncée comme une victime secondaire qui doit augmenter le mérite du sacrifice d’Eudore. Les passages de l’Apocalypse qui avoient servi de prétexte aux plaisanteries, bonnes ou mauvaises, d’un journal ont disparu : tout ce qui pouvoit blesser la doctrine ou le dogme dans le Purgatoire, l’Enfer et le Ciel a été scrupuleusement effacé. Je ne m’en suis pas rapporté là-dessus à mes lumières, je me suis soumis à la censure de quelques savants ecclésiastiques.

J’ai insisté davantage sur la naissance d’Eudore et de Cymodocée et sur ce qu’ils sont l’un et l’autre les représentants des grands hommes et des beaux-arts de la Grèce.

Dans le livre de l’esclavage d’Eudore chez les Francs, j’ai rétabli un morceau que j’avois supprimé sur l’épreuve et que plusieurs personnes regrettoient.

Dans le livre de Velléda, on ne trouvera plus les imprécations d’Eudore : les couleurs trop vives sont adoucies.

J’ai abrégé la scène de l’entrevue de Cymodocée et d’Hiéroclés : elle sentoit trop le roman.