fiers que s’ils nous avaient dit : " Vous allez chez Phidias ou chez Ictinus. " Je n’avais pas assez de mes yeux pour regarder : je croyais voir des antiquités partout. M. Fauvel me faisait remarquer çà et là des morceaux de sculpture qui servaient de bornes, de murs ou de pavés : il me disait combien ces fragments avaient de pieds, de pouces et de lignes ; à quel genre d’édifices ils appartenaient ; ce qu’il en fallait présumer d’après Pausanias ; quelles opinions avaient eues à ce sujet l’abbé Barthélemi, Spon, Wheler, Chandler ; en quoi ces opinions lui semblaient (à lui M. Fauvel) justes ou mal fondées. Nous nous arrêtions à chaque pas ; les janissaires et des enfants du peuple, qui marchaient devant nous, s’arrêtaient partout où ils voyaient une moulure, une corniche, un chapiteau ; ils cherchaient à lire dans les yeux de M. Fauvel si cela était bon ; quand le consul secouait la tête, ils secouaient la tête et allaient se placer quatre pas plus loin devant un autre débris. Nous fûmes conduits ainsi hors du centre de la ville moderne, et nous arrivâmes à la partie de l’ouest que M. Fauvel voulait d’abord me faire visiter, afin de procéder par ordre dans nos recherches.
En sortant du milieu de l’Athènes moderne, et marchant droit au couchant, les maisons commencent à s’écarter les unes des autres ; ensuite viennent de grands espaces vides, les uns compris dans le mur de clôture, les autres en dehors de ce mur : c’est dans ces espaces abandonnés que l’on trouve le temple de Thésée, le Pnyx et l’Aréopage. Je ne décrirai point le premier, qui est décrit partout, et qui ressemble assez au Parthénon ; je le comprendrai dans les réflexions générales que je me permettrai de faire bientôt au sujet de l’architecture des Grecs. Ce temple est au reste le monument le mieux conservé à Athènes : après avoir longtemps été une église sous l’invocation de saint Georges, il sert aujourd’hui de magasin.
L’Aréopage était placé sur une éminence à l’occident de la citadelle. On comprend à peine comment on a pu construire sur le rocher où l’on voit des ruines un monument de quelque étendue. Une petite vallée appelée, dans l’ancienne Athènes, Coelé (le creux), sépare la colline de l’Aréopage de la colline de Pnyx et de la colline de la citadelle. On montrait dans le Coelé les tombeaux des deux Cimon, de Thucydide et d’Hérodote. Le Pnyx, où les Athéniens tenaient d’abord leurs assemblées publiques, est une esplanade pratiquée sur une roche escarpée, au revers du Lycabettus. Un mur composé de pierres énormes soutient cette esplanade du côté du nord ; au midi s’élève une tribune creusée dans le roc même, et l’on y monte par quatre degrés également taillés dans la pierre Je remarque ceci, parce que les