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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/187

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les censeurs qui sont coupables, et les censeurs sont les agents des ministres.

Lorsque la presse deviendra libre, les députés doivent mander à la barre le libelliste, ou le faire poursuivre dans toute la rigueur des lois par-devant les tribunaux.

En attendant l’époque qui délivrera la presse de ses entraves, il seroit bon que la chambre eût à elle un journal où ses séances, correctement imprimées, deviendroient la condamnation ou la justification des gazettes ofiicielles.

Mais ce qu’il faut surtout, c’est la liberté de la presse. Que la chambre se hâte de la réclamer : je vais en donner les raisons.

CHAPITRE XVII.
DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE.

Point de gouvernement représentatif sans la liberté de la presse. Voici pourquoi :

Le gouvernement représentatif s’éclaire par l’opinion publique, et est fondé sur elle. Les chambres ne peuvent connoître cette opinion si cette opinion n’a point d’organes.

Dans un gouvernement représentatif, il y a deux tribunaux : celui des chambres, où les intérêts particuliers de la nation sont jugés ; celui de la nation elle-même, qui juge en dehors les deux chambres.

Dans les discussions qui s’élèvent nécessairement entre le ministère et les chambres, comment le public connoîtra-t-il la vérité si les journaux sont sous la censure du ministère, c’est-à-dire sous l’influence d’une des parties intéressées ? Comment le ministère et les chambres connoîtront-ils l’opinion publique, qui fait la volonté générale, si cette opinion ne peut librement s’expliquer ?

CHAPITRE XVIII.
QUE LA PRESSE ENTRE LES MAINS DE LA POLICE ROMPT LA BALANCE CONSTITUTIONNELLE.

Il faut dans une monarchie constitutionnelle que le pouvoir des chambres et celui du ministère soient en harmonie. Or, si vous livrez