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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/195

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On gagne à augmenter le conseil responsable : 1o de diviser le travail et de multiplier les moyens ; 2o d’augmenter le nombre des amis et des défenseurs du ministère dans les chambres et hors des chambres ; 3o de diminuer autour du ministère les intrigues des hommes qui prétendent au ministère, en satisfaisant un plus grand nombre d’ambitions.

CHAPITRE XXVII.
QUALITÉS NÉCESSAIRES D’UN MINISTRE SOUS LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE.

Ce qui convient à un ministre sous une monarchie constitutionnelle, c’est d’abord la facilité pour la parole : non qu’il ait besoin de cette grande et notable éloquence, compagne de séditions, pleine de désobéissance, téméraire et arrogante, n’étant à tolérer aux cités bien constituées[1] ; non qu’on ne puisse être un homme très-médiocre avec un certain talent de tribune ; mais il faut au moins que le ministre puisse dire juste, exposer avec propriété ce qu’il veut, répondre à une objection, faire un résumé clair, sans déclamation, sans verbiage. Cela s’apprend, comme toute chose, par l’usage.

Ce ministre aura du liant dans le caractère, de la perspicacité pour juger les hommes, de l’adresse pour manier leurs intérêts. Toutefois il faut qu’il soit ferme, résolu, arrêté dans ses plans, que l’on doit connoître pour les suivre et pour s’attacher à son système. Sans cette fermeté il n’auroit aucun partisan : personne n’est de l’avis de celui qui est de l’avis de tout le monde.

CHAPITRE XXVIII.
QUI DÉCOULE DU PRÉCÉDENT.

Un tel ministre aura assez d’esprit pour bien connoître celui des chambres, et toutes les chambres n’ont pas la même humeur, la même allure.

Aujourd’hui, par exemple, la chambre des députés est une chambre pleine de délicatesse : vous la cabreriez à la moindre mesure qui lui

  1. Du Tillet.